Dia-reproductibilité technique

Il y a t’il un stade où la production de la reproduction technique devient elle même singulière, c’est à dire créative ?

Ou pour le dire autrement, existe t-il un stade avancé de la reproduction technique qu’on pourrait nommer dia-reproductibilité technique qui serait à la fois une "réactivation" de l’œuvre d’art mais aussi sa "dissociation" en au moins deux parties distinctes : la part de représentation et la part de reproduction. Ou pour imiter l'expression de Walter Benjamin, existerait t'il "une oeuvre d'art à l'époque de sa dia-reproductibilité technique" ?

En d’autre termes, si la part de reproduction technique s’autonomise au point de constituer un élément plastique singulier et indépendant de la représentation de l’œuvre orginale, peut on dès lors parler d’un agencement nouveau et par conséquent d’invention de nature artistique ?

Tout comme il était interdit au peintres d’études des musées de copier les œuvres à la taille de l’original pour exclure les faussaires, tout comme il est convenu que tout artiste peut réactiver des œuvres d’arts du passé pour les faire siennes en les revisitant ou encore en les parodiant, il y a dans le principe même de la copie et de la reproduction une part d’infidélité qui au lieu de s’effacer comme le voudrait le progrès technique, doit au contraire s’affirmer pour signifier une intention artistique.

Or précisément c’est cette "infidélité technique" qui nous intéresse avant toutes les autres. Autrement dit "l’infidélité technique" exprime quelque chose, ou mieux, elle est le signe de quelque chose, de quoi au juste ? Difficile d'en préciser la nature, par contre il y a là une expérimentation à tenter, une exploration de la "non conformité" à entreprendre.

Ainsi donc en déployant des moyens de reproduction technique singuliers, tout autant au niveau du matériel que logiciel, on peut par exemple se concentrer sur les motifs, l'agrégation des trames, leur agencement, sur les diverses articulations entre les signes, sur la rupture de la forme, sur la dislocation de l'image et la relocalisation de ses constituants.

Et par là faire "art", c'est-à-dire, faire "invention" de formes ainsi que des émotions visuelles afférantes.

André Lozano